Mawulolo

Sénégal-Bénin, le match qui a fait balancer des cœurs à Dakar

Ça y est ! La CAN s’est finie avec une victoire des Fennecs de l’Algérie sur les Lions du Sénégal. Sur la route de cette victoire, les Lions ont dû battre en quarts de finale les Écureuils. Ce Sénégal-Bénin n’a pas été un match facile à suivre pour tout le monde.

Au Sénégal il n’y a pas que les Sall, Wade, Ndiaye, Mbengue, Ndong, Bassène ou Mané, il y aussi les Nanga, Féliho, Atchadé, Ahouanménou, Koïssi, Zounglas, Hodonou pour ne citer que ces noms-là. Ces derniers sont des Sénégalais d’origine béninoise. Des fois, ils ont la double nationalité en bonne et due forme.

Lorsque le match Sénégal-Bénin s’est confirmé pour les quarts de finale, ils disaient leur dilemme sur les réseaux sociaux, dans les quartiers et maisons.

Deux posts Facebook traduisant le sentiment deux Sénégalo-béninoises pendant le match – Montage : Roger Mawulolo

Leurs quartiers de prédilection à Dakar sont les Sicap : Liberté, Karack, Amitié, Sacré Cœur voire Siprès et Ouakam. De plus en plus on les trouve aussi dans les nouveaux quartiers comme Keur Massar, Tivaouane Peuhl, Diamniadio, Zac Mbao et autres.

L’histoire…

Du temps de l’Afrique occidentale française (AOF), Saint-Louis puis Dakar en ont été les capitales. A ce titre, le pays accueillait des fonctionnaires venus de tous les pays de l’AOF dont le Bénin, l’administration étant centralisée au Sénégal. Des enseignants, des douaniers bref des agents de l’administration publique venaient de divers pays. Qu’ils soient mariés à des Sénégalaises ou pas, beaucoup ont fait souche au Sénégal.

L’observation a montré que la prédilection des Béninois allait souvent aux femmes de la Casamance (sud du Sénégal). A part elles, ils appréciaient bien aussi les femmes de l’ethnie sérère.

L’histoire se poursuit toujours de nos jours avec la jeune génération de Béninois vivant au Sénégal. Même certains étudiants béninois laissent des traces au Sénégal (si vous voyez ce que je veux dire).

Dans cette communauté sénégalaise d’origine béninoise, nous avons des célébrités. Nous pouvons citer le rappeur Didier Awadi, créateur du groupe Positive Black Soul. Un autre est Joseph Koto, qui a dirigé des équipes de football et aussi les sélections nationales du Sénégal à divers niveaux. On peut compléter la liste avec Fabienne Féliho, Miss Sénégal en 1987 et Jean-Jacques Armand Nanga, un des directeurs généraux les plus célèbres des Douanes sénégalaises.

Le match Sénégal-Bénin

Revenons à la CAN 2019. Bien avant le quart de finale Sénégal-Bénin, beaucoup ont indiqué leur mal-être ou leur dilemme face à la confrontation prévue. Qui supporter ? Un post Facebook d’un membre de cette communauté indiquait : « Là, je suis mal barrée. Quart de finale Sénégal-Bénin .» Un autre disait « Bon lâchez nous un peu on va réfléchir… Notre sang est quand même béninois. Weu… d’ici lundi on décide. » Lundi, c’était deux jours avant le match. Cet internaute n’a pas finalement pu se décider car avant le match, il a de nouveau publié : « Une chose est sûre… au soir du mercredi [le jour du match] nous Sénégalais venus du Bénin ou Béninois nés au Sénégal, nous serons heureux et en demi-finale. » Le dilemme était grand et lourd.

Capture du post Facebook de Valéry Samuel Hodonou, sur le match Sénégal-Bénin (avec son aimable autorisation)

Au début du match j’ai pu lire sur Facebook ce post d’une internaute née au Sénégal d’un père Béninois et d’une mère Sénégalaise, qui a vécu au Sénégal et en a la nationalité : « J’ai chanté les deux hymnes nationaux avec les joueurs. Que le meilleur gagne. »

L’excitation était grande lorsque le ballon s’approchait d’un des buts. Beaucoup ne savaient pas, s’il fallait crier « Allez… marque… marque ! » ou bien « Allez… rate… rate !»

A la fin

Score final : 1-0 pour le Sénégal. La fin du match a été un soulagement pour tous, car on pouvait lire « Félicitations au Sénégal et au Bénin. » Le match a été empreint d’un fair-play avec des vannes bien senties entre les supporters des Lions et des Écureuils.

(l’article continue après la vidéo)

La quasi-totalité des membres de la communauté a, par la suite, supporté le Sénégal en demi-finale contre la Tunisie et en finale contre l’Algérie.

Pour finir, je vous livre le sentiment d’un membre de cette communauté avec qui j’ai pu discuter. Son nom : Valery Samuel Hodonou (un Sénégalais avec un vrai nom béninois).

« Je suis Valéry Samuel Hodonou, né au Sénégal d’un père béninois et d’une mère sénégalaise. Donc on va dire Sénégalais d’origine béninoise. D’abord très content d’avoir vu le Bénin à ce stade de la compétition où personne ne l’attendait… Ayant vécu au Sénégal depuis ma tendre enfance, mon cœur a évidemment balancé du côté des Lions de la Téranga avec une belle pensée pour cette brave équipe béninoise. J’étais très inquiet pendant le match, j’avais compris que « ce Bénin » que l’on croyait très petit était capable de donner des sueurs froides à n’importe quelle équipe. Mais finalement heureux qu’à la fin du match, deux grandes nations se soient face avec un total fair-play de part et d’autre. Vive le foot. »


Egypte 2019, la CAN des premières fois – Partie 2

La CAN 2019 se poursuit avec de nouvelles « premières fois ». Après mon premier billet sur les faits qui constituent une première dans l’histoire de la CAN, de nouvelles « premières fois » sont apparus. Décidément, cette 32e édition veut marquer l’histoire.

L’Egypte a été sortie de la compétition en huitièmes de finale. Au moins, ce n’est pas la première fois qu’elle est éliminée avant la finale d’une CAN chez elle. En 1974, elle avait déjà terminé troisième à une CAN à la maison. Par contre, elle avait remporté les éditions de 1959, 1986 et 2006 qu’elle avait accueillies.

Des règles du jeu à l’historique des rencontres ou victoires entre équipes participantes, des premières fois se révèlent encore.

La règle du 4e changement en cas de prolongation

A la Coupe du Monde 2018 en Russie, la FIFA a mis en application la règle autorisant les équipes à opérer un 4e changement si le match passe à la phase des prolongations. L’UEFA a suivi en appliquant la même règle lors de la saison 2018-2019.

La CAF a, pour sa part, adopté cette règle pour cette CAN 2019. Il s’agit donc de sa première application dans la compétition.

Qualification en quarts pour le Bénin et Madagascar

Les Écureuils du Bénin et les Baréas de Madagascar ont créé la sensation dans cette CAN 2019. Après leur première qualification pour un deuxième tour de la compétition, les deux équipes n’ont pas fait de cadeau aux Lions de l’Atlas marocains et aux Léopards de la République Démocratique du Congo. Des herbivores (Écureuils et Zébus) qui ont dévoré des carnivores, dirait-on. Ils se sont qualifiés pour la première fois de leur histoire en quarts de finale de la CAN.

Dans ce lot de surprises, celle de Madagascar est historique. Une équipe faisant son baptême de feu en phase finale de CAN se qualifiant pour le tour suivant : seul le Cap-Vert, en 2013, en avait fait autant.

Les premières ne se poursuivront malheureusement pas pour le Bénin et Madagascar. Les deux ont été éliminés en quarts de finale.

Les Baréas ont aligné 4 matches sans défaite

De 1982 à 2019, il y a 37 ans et 20 Coupes d’Afrique des Nations. Après 1982, Madagascar est le premier pays à ne pas avoir perdu ses 4 premiers matchs à la CAN. En 1982, la Libye avait réussi l’exploit d’aligner 5 matchs sans défaite.

Ils auraient égalé ce vieux record libyen s’ils avaient pu battre la Tunisie lors des quarts de finale.

Premières victoires en confrontation directe à la CAN

Le Sénégal, en huitièmes de finale et en demi-finale, a rencontré pour la première fois l’Ouganda puis le Bénin en phase finale de CAN. Sadio Mané et sa bande ont obtenu les premières victoires du Sénégal sur ces deux pays.

Les Sud-Africains quant à eux ont réussi l’exploit de défaire Mohamed Salah et ses coéquipiers sur leurs terres. Pourtant, les deux précédentes rencontres entre l’Egypte et les Bafana Bafana pendant une CAN s’étaient soldées par des victoires des Pharaons. Le 24 janvier 1996 à Johannesburg, sur ses terres, l’Afrique du Sud était battue par 1 but à 0, et le 28 février 1998 à Ouagadougou, elle avait perdu 2 à 0. Le 6 juillet a donc vu la première victoire du pays de Mandela sur celui des Pharaons lors d’une Coupe d’Afrique des nations.

La qualification du Bénin pour les quarts de finale a deux aspects de « première fois ». Hormis la qualification elle-même, c’est la première fois que le Bénin bat le Maroc en phase finale. Leur seule et précédente rencontre à ce niveau s’était tenue à Sfax au Maroc le 31 janvier 2004. Les Lions de l’Atlas avaient pris le dessus 4 buts à 0.

Le limon du Nil semble être d’une fertilité sans borne pour la culture des « premières fois » dans la Coupe d’Afrique des Nations.


Égypte 2019 : la CAN des premières fois

Cette 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations est particulière. Beaucoup de faits s’y produisent pour la première fois. Du format aux équipes en passant par l’instance organisatrice, en Égypte, la CAN est pleine d’inédits et de rebondissements. Inventaire.  

Ce billet a été originellement publié sur mawulolo.mondoblog.org.

L’Égypte n’est pas un terrain nouveau pour la Coupe d’Afrique des nations. Mais le pays n’en est pas moins le terrain de quelques premières expérimentations, voire de quelques exploits qui ont d’ors et déjà marqué l’histoire de cette compétition continentale.

Cette édition de la CAN est pleine de premières fois. Ne ratons pas l’occasion de les signaler.

Format, période et arbitrage vidéo

Cette CAN est avant tout la première édition à 24 équipes. Ce qui a permis au quatre meilleurs troisièmes de chaque groupe de se qualifier. On doit ce changement de format au nouveau président de la Confédération africaine de football. Après la longue ère Hayatou, la CAF a amorcé un nouveau virage avec le Malgache Ahmad Ahmad, qui en est donc à sa première CAN en tant que président de l’instance footballistique africaine.

A part le format, il y a aussi la période de déroulement qui change cette année. La CAN se déroulait habituellement durant le mois de janvier. Ce qui créait souvent des tensions entre les joueurs professionnels africains évoluant en Europe et leur club. La CAN 2019 se déroule du 21 juin au 19 juillet. Cette période estivale arrange finalement tout le monde. Même si certains évoquent la chaleur ou encore la saison pluvieuse dans certains pays comme un handicap.

L’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) aussi fera son apparition dans la compétition à partir de la phase des quarts de finale. Au vu de l’expérience malheureuse de la finale de la Ligue des Champions africaine, cela fait émerger beaucoup de scepticisme. Mais il fallait bien y aller. Ne dit-on pas en Afrique que c’est en forgeant que l’on devient forgeron ?

Les premières participations

Avec une Coupe d’Afrique des nations à 24 équipes, de nouvelles équipes ont réussi à passer la phase de qualification. Trois pays en sont à leur première participation à la phase finale de la CAN cette année. Le Burundi, Madagascar et la Mauritanie ont fait leur entrée dans la cour des grands du continent. Menés par leurs coaches respectifs Olivier Niyungeko, Nicolas Dupuis et Corentin Martins, les Intamba mu Rugamba ou Hirondelles, les Baréa et les Mourabitounes ont démontré des valeurs certaines qui leur ont permis de se qualifier haut la main pour cette compétition en Égypte.

Les premières qualifications au second tour

Certaines équipes, elles, s’étaient déjà qualifié mais n’avaient jamais passé le premier tour de la compétition. S’il a fallu que les Écureuils attendent leur 4e participation pour accéder pour la première fois cette année au second tour de la compétition, il en a fallu 7 aux Cranes de l’Ouganda.

Mais le plus spectaculaire est l’exploit des Barea, les zébus, de la grande île. Pour leur première participation à cette compétition majeure, Madagascar a réussi à se hisser au second tour. Ils ont même fini premiers de leur poule, devant le Nigeria qu’ils ont battu sans trembler.

Ces trois pays disputent donc leur premier match d’un second tour de la CAN. Et parmi les trois, il n’y a que le Bénin qui s’est qualifié en étant l’un des meilleurs troisièmes.

Une autre première fois, on l’espère, est à attendre du côté du Sénégal. Assurément, une bonne prestation des Lions du Sénégal leur permettra de gagner leur première Coupe d’Afrique. Sans oublier que cela pourrait bien propulser Sadio Mané au rang de Ballon d’or africain, pour une première fois. Ce qui ferait une belle brochette de premières fois pour cette CAN 2019 !

A croire que les pyramides sont un environnement propice aux premières fois.

Photo : l’équipe malgache – crédit : fédération malagasy de football


CAN 2019 : une surprise nommée Bénin

Le Bénin est plus réputé pour sa culture vaudou et ses zémidjans* que pour son football. Mais, de plus en plus, le pays de Béhanzin est en train de changer la donne. Le premier match des Écureuils, lors de la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations, en a encore fourni la preuve. Un exploit historique est-il en marche ?

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Sur la partie du Golfe de Guinée allant du Nigeria à la Côte d’Ivoire, le Bénin est vu comme le petit poucet en matière de football. Les autres pays de cette bande, à savoir le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo, ont tous participé à davantage de Coupes d’Afrique des nations. Ils ont tous déjà accédé au deuxième tour de cette compétition. Et ils ont chacun joué au moins une Coupe du monde ! Ce que le Bénin n’a encore jamais fait…

Longtemps considéré un cran en dessous en termes de football, le Bénin commence pourtant à faire parler de lui, petit à petit, brisant le mythe. Pour son premier match de l’actuelle CAN, qui se déroule en Egypte, il a tenu en échec un des cadors d’Afrique de l’Ouest : le Ghana. Match nul, deux buts à deux. Le Bénin, qui n’a jamais passé le premier tour de la CAN, a tenu tête aux Black Stars, quadruple vainqueurs de la compétition.

C’est aussi à cause du Bénin que le Togo, son voisin de l’Ouest, ne participe pas à la CAN 2019. Lors du dernier match des éliminatoires, les Écureuils ont battu les Éperviers dans leur antre de Kouhounou. Quelques mois plus tôt, ils avaient déjà contraint les Togolais au match nul à Lomé.

De plus en plus, les Écureuils gagnent le respect des autres pays, qui avaient tendance à les prendre de haut lorsqu’il s’agit de football.

L’histoire du Bénin avec la CAN

Pourtant le pays revient de loin. Le Bénin en est à sa quatrième Coupe d’Afrique des nations. A ce jour, il n’a remporté aucun match dans la compétition. Au total sur 9 matchs disputés, avant l’édition égyptienne, le Bénin a totalisé 8 défaites pour 1 match nul. Contre le Ghana, les Écureuils ont donc engrangé leur deuxième match nul sur 10 matchs de CAN.

La première participation du Bénin à une CAN remonte à 2004. La bande de Moussa Latoundji n’avait marqué qu’un seul but et cumulé trois défaites. Résultats identiques en 2008. En 2010, le Bénin réussit à obtenir son premier match nul face au Mozambique ! Mais il perd les deux autres matchs. Lors de ces trois éditions, le Bénin a toujours croisé son voisin de l’Est, le Nigeria. Et il a toujours perdu.

Les espoirs béninois pour cette CAN 2019

Mais la victoire sur l’équipe togolaise menée Emmanuel Adébayor, synonyme de qualification pour la CAN 2019, a ouvert la voie à beaucoup d’espoirs. Surtout que les Écureuils avaient déjà battu en novembre 2018 les Fennecs de l’Algérie, à Cotonou.

Espoirs qui ont grandi lors du match à Ismaïlia. Les Black Stars des frères Ayew ont souffert face au Bénin. Il s’en est même fallu de peu pour que, dans les dernières minutes du match, l’attaquant Steve Mounié ne marque le troisième but et n’arrache la victoire !

Le buteur béninois Mickael Poté est actuellement en tête des buteurs, avec deux buts à son actif. Et le gouvernement béninois n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre l’équipe dans les meilleures conditions depuis les éliminatoires. En avril dernier, le ministre béninois des sports, Oswald Homeky, a indiqué que l’équipe bénéficiait d’un cadre professionnel. Dans un entretien à Jeune Afrique, il déclarait : « Les histoires de primes sont réglées à l’avance. Les questions liées aux déplacements, aux hébergements et aux équipements également. Les rapports avec les joueurs sont déformais fluides. Nous ne voulons plus des problèmes du passé. » Tous les voyants semblent au vert pour que le Bénin réalise un exploit.

Même une éventuelle troisième place du groupe F leur permettrait de se qualifier. Avec la CAN à 24 équipes, les quatre meilleurs troisièmes de chaque groupe accèdent au deuxième tour.

Le prochain match sera contre les Djurtus de la Guinée Bissau. Une équipe largement à la portée des Écureuils, qui auront récupéré entre temps leur maître à jouer : l’emblématique capitaine Stéphane Sésségnon.

Espérons que la proximité de cet exploit ne paralyse pas la bande de Michel Dussuyer, le coach français des Écureuils. Si le Bénin passe le premier tour, nous aurons certainement des concerts de klaxons des Peugeot 405 et 505 et des zémidjans du marché de Dantokpa, de Cotonou à Natitingou. Ainsi plus personne n’osera dire que le Bénin est le petit poucet du football africain.

Sur la photo : Mickaël Poté (maillot blanc) face au Ghana – Crédit : Pierre René-Worms/RFI

*zémidjans : moto-taxi


Toofan, le football et la Coupe d’Afrique des nations

Le football et la musique ont toujours eu un lien fort. Ainsi les grandes compétitions ont des hymnes ou des chansons dédiées. La 32e édition de la CAN, qui se tient en Egypte du 21 juin au 19 juillet 2019, ne déroge pas à la règle. Elle a un hymne composé et chanté par le groupe togolais Toofan. Une chanson qui va surtout rythmer les émissions de la chaîne Canal +, qui a commandé cette chanson.

Ce billet a été originellement publié sur mawulolo.mondoblog.org.

Beaucoup ne savent pas que c’est une chanson liée à une CAN qui avait révélé les Toofan au grand jour. C’était en 2006 à partir du Togo avec les chansons « 2006 » et « Epervier Ogbragada ». La première chanson citée était en l’honneur des Eperviers du Togo qualifiés pour la CAN 2006, tenez-vous bien, en Egypte ! Comme l’actuelle édition.

Petit résumé de l’histoire du groupe Toofan

Plusieurs fois primé pour ses compositions, Toofan est un groupe qui a toujours démontré de l’amour pour le football. Depuis leur création en 2005, au moins cinq de leurs chansons sont liées au ballon rond.

Le groupe était à sa création composé de trois artistes : All-one, Barabas et Master Just. Il s’est par la suite réduit à deux. Pour reprendre des titres du groupe, ce ne serait pas un « affairage » de ma part que de vous dire qu’on peut considérer que All-one a fait « gweta » à Barabas et Master Just en choisissant « la vie bas ». (« Gweta » est une chanson de Toofan qui veut dire « esquiver ou fuir » tandis que « affairage », un de leurs titres aussi, veut dire « commérage » et « la vie là-bas » parle de l’immigration vers l’Europe.)

Aujourd’hui le groupe chante sur de grandes scènes avec des artistes de renom partout dans le monde. Il a signé avec la major Universal. Un aboutissement certain.

 « Panenka » pour la CAN 2019

Pour la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations, Master Just et Barabas ont composé « Panenka ». Un hymne dédié à tous les amoureux du ballon rond. Le titre fait référence à ce joueur tchèque, Antonin Panenka, qui a inventé ce geste de classe et de grâce, renommé la « panenka » en son honneur. Elle sert à tirer des penalties.

Comme tous les joueurs, doués techniquement, qui arrivent à réussir ce geste, Toofan a démontré une fois de plus son talent.

La chanson débute par une évocation de divers systèmes de jeu utilisés en football à savoir le 4-4-2 et 4-3-3. Elle enchaîne ensuite sur l’esprit de famille et l’unité africaine que la compétition doit servir à renforcer. Et elle finit par inviter tout le monde à rester « en mode CAN ».

La chaîne Canal+ dans son émission « Talents d’Afrique » avait reçu les Toofan pour parler de « Panenka », si vous voulez en savoir plus. Et regardez bien le clip pour apprendre la danse.


 « Africa Hoyéé » en 2012 et « Ola Ola » en 2015

Deux autres éditions de la CAN avaient déjà eu des clips dédiés par le même groupe. En 2012, lors de la CAN Gabon- Guinée équatoriale, c’était “Africa Hoyéé” dont le clip a été tourné à Lomé.

Dans Africa Hoyéé, le groupe évoque la joie et l’espoir que procure la passion du foot. Ce qui éloigne de l’image de guerre et de famine que l’on voit souvent de l’Afrique. La chanson finit sur une note qui dit “le football unit les peuples”.

Pour “Ola Ola”, la chanson a été faite avec d’autres artistes africains notamment Cano, Molare, Manni Bella, Eddy Kenzo, Singuila, Arielle T et Wizboyy. Elle insiste, elle, sur la passion des Africains pour le foot, le beau jeu et le comportement exemplaire à avoir sur le terrain… sans oublier les exultations du public !

Toutes ces chansons portent le sceau reconnaissable de ce groupe qui fait la fierté des Togolais. Une musique rythmée avec des paroles en anglais, français et en Mina, la langue véhiculaire parlée généralement à Lomé, la capitale togolaise. Le style argotique qu’ils utilisent n’est vraiment compréhensible que de certains initiés de Lomé !

Alors même si le Togo ne joue pas la CAN cette année, on peut sans crainte dire que le pays sera quand même présent par le biais de Toofan mais aussi de Claude Leroy, le sélectionneur des Eperviers qui sera sur les plateaux de Canal+ Afrique comme expert.

Bonne CAN 2019 à tous ! Dans une bonne ambiance musicale.

Sur la photo, le groupe togolais Toofan en 2014 – CC Wendkront